Bonjour,
Continuons notre exploration de diverses palettes limitées, outils abordés dans le Carnet précédent.
Un des grands classiques pour une palette limitée comporte les trois couleurs dites primaires (en gros : rouge, jaune et bleu). Et pour élargir les possibilités, il est fréquent – parce qu’utile – d'avoir une teinte chaude et une teinte froide de chaque couleur primaire. Cela s’appelle la technique des doubles primaires ou primaires divisées (en anglais, “split primaries”).
Avant de pouvoir mettre cela en pratique le mois prochain, il nous faut interroger ce concept de couleurs chaudes ou froides…
La notion de température d’une couleur
La notion de température de la couleur est source de confusion pour bon nombre de personnes, car elle est basée sur la perception, qui varie selon les individus (par exemple, où se situe la frontière entre le bleu et le vert ? voir aussi le phénomène viral “la robe” ou “the dress”). De plus, la perception des couleurs subit l'influence des cultures et des époques (à ce sujet, on peut se référer aux travaux passionnants de Michel Pastoureau).
En règle générale, les teintes rouges sont considérées comme “chaudes”, tandis que les bleus/verts sont perçus comme “froids”, mais cette perception peut différer considérablement d'une personne à l'autre.
Pour faciliter la discussion, il est utile d'adopter quelques conventions :
Le cercle chromatique peut être divisé en deux hémisphères, l'un chaud et l'autre froid.
On peut considérer que le rouge-orangé est la couleur la plus chaude, et le bleu-vert, turquoise ou cyan, situé à l'opposé du cercle, serait alors la couleur la plus froide.
Plus on s'éloigne de l’orangé, vers le haut ou le bas du cercle, plus la couleur se “refroidit”.
Plus on s'éloigne du cyan, plus la couleur se “réchauffe”.
Lorsqu’il s’agit de température des couleurs, la relativité a une grande influence : dans une même gamme de couleur, certaines teintes peuvent être clairement perçues comme chaudes ou froides en les comparant entre elles (par exemple, même si l'ensemble des bleus est généralement considéré comme des teintes froides, un bleu outremer paraîtra chaud s’il se trouve à côté d’un bleu phtalo).
Proche et lointain
En peinture, la température des couleurs est utilisée pour suggérer l’éloignement ou la proximité, et donner une impression de profondeur aux différents plans d’une composition. C’est même une règle en peinture de paysage : les objets dans le lointain apparaissent plus froids et sont donc généralement représentés bleutés. Cette coloration vient des couches d’air intercalées entre mon œil et un objet qui se trouve loin de moi. Un objet de couleur froide donne l’impression de “reculer” alors qu’une couleur chaude envoie une forme vers l’avant-plan.
Cette manière de différencier les plans trouve un parfait exemple avec Léonard de Vinci dans son tableau Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant Jésus (1503-1519) dont vous trouverez un détail ci-dessous.
Une dimension supplémentaire à la complexité des relations colorées
Pour mieux comprendre ce que le concept de chaleur des couleurs peut représenter en pratique, je vous propose enfin quelques exemples d’œuvres jouant sur l’intérêt apporté par ce fameux contraste relatif chaud/froid. Cet effet a été théorisé au début du 19e siècle par le chimiste français Chevreul qui le nomme le contraste simultané des couleurs
Vitrail dit la Belle Verrière, cathédrale de Chartres, (12e siècle)
Le Parlement, coucher de soleil, Claude Monet (1904)
Terrasse du café le soir, Vincent Van Gogh (1888)
Contraste jaune/vert, TaNguyen (2015)
Pour que ces notions complexes soient bien claires dans votre esprit, je vous ai préparé une courte vidéo qui résume tout cela :
➔ comprendre la température des couleurs (vidéo)
Et vous, comment ressentez-vous ces contrastes ? Est-ce que la perception du caractère chaud ou froid d’une teinte vous apparaît généralement comme évidente ou faites-vous partie des nombreuses personnes pour qui cette notion reste difficile à appréhender ? Nous pouvons en discuter dans les commentaires.
Personnellement, dès qu’on s’éloigne des bleus chauds aux reflets manifestement très rouges, ou pour les verts avec peu de jaune, je suis rarement d’accord avec mon entourage quand il s’agit de déterminer si certaines teintes sont “vertes” ou “bleues”. Pour moi, le “bleu canard”, c’est du vert ! Ce qui mène parfois à des discussions assez passionnées…
Je vous donne rendez-vous dans le prochain Carnet d’Atelier où nous mettrons enfin en pratique la palette des doubles primaires.
En savoir plus sur moi : Marie Vanesse
Mon manuel complet de recettes de peinture en pas-à-pas : Peintures, recettes maison (176 pages en couleurs, une cinquantaine de techniques traditionnelles ou naturelles)
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super as usual .... Christiane qui essaie de vous joindre par TEL..Bisous
Merci pour le partage. Très intéressant.